Quand on passe quatre jours sur la route, il faut bien qu’il y ait des choses à raconter. En général, la route se fait tranquilement. Lentement mais sûrement comme le veut le dicton. En général, tout va bien. La lenteur est un rythme auquel on s’habitue. Et franchement, c’est parce que le chemin se fait à pas de tortue que je peux apprécier les paysages et toute la beauté que la Nouvelle-Zélande peut m’offrir.
La première journée fut la plus longue en terme de kilométrage. De Napier, la route jusqu’à Waipukurau est belle. Je commence à utiliser les termes des gens d’ici: c’est plutôt plat. Ça veut dire des collines roulantes, des faux-plats et un peu de plat. Tout va bien jusqu’à 20 kilomètres avant le camping. Les montées difficiles arrivent toujours lorsque l’on commence à fatiguer et que les jambes se mettent à protester. Et en plein milieu d’une montée… Une crevaison. La première de ma vie. Je monte donc le reste de la côte à pieds pour trouver un endroit « plutôt plat » pour réparer tout ça. J’ai fait une autre découverte: ma pompe d’urgence ne gonfle pas au-dessus de 70 livres de pression. Le reste de la route s’est déroulée sur un pneu mou.
La deuxième journée aussi. Et une bonne partie de la troisième aussi.
On croise tout de même un panneau qui est laissé à lui-même. Il est vieux. L’endroit manque d’entretient. Et pourtant, on vient de traverser le 40e parallèle sud!
La troisième journée, en partant de Dannevirke, on voit ce panneau.
Pour un cycliste, c’est un synonyme de: »Vous allez travailler fort pour moins de résultats « . J’ai pris mon courage à deux mains et me suis lancée sur l’autoroute, les mains dans les « drops » pour tenter d’être plus aérodynamique. Peine perdue. Les rafales dans cette région alimentent des éoliennes. Le vent pousse hors de la route et les camions déstabilisent dangereusement à leur passage. Vous pouvez imaginer le désarrois de la pauvre cycliste que je suis. Qu’à cela ne tienne, j’ai continué en entonnant mon nouveau leitomotiv: »Tu voulais rouler en Nouvelle-Zélande, tu roules en Nouvelle-Zélande! » Sans le vent, les 100 kilomètres jusqu’à Masterton auraient été charmants. Et je l’écris sans sarcasme.
Mais voilà que 15 kilomètres avant Masterton, mon pneu décide de crever. Encore. J’enlève les saccoches et retourne le vélo, enlève la roue, remplace le tube, etc. Le plus long dans le processus est d’enlever les sacoches et de retourner le vélo sur le guidon et la selle. Le reste devient des gestes plutôt mécaniques (jeu de mot voulu). Alors que je cherche la raison de cette énième crevaison, un gentil samaritain s’arrête et me demande si je vais bien. Il est lui-même un cycliste et me propose de me conduire passer la chaîne de montagne des Rimutakas.
Je lui dois une fière chandelle. Les Rimutukas sont énormes. La montée s’éternise pendant presque sept kilomètres de pentes à 12 ou 13 degrés d’inclinaison. Je ne pourrais pas les remercier assez. Sa femme et lui ont été charmants et m’ont sauvé une montée qui aurait pu durer des heures sur une route étroite et sans accotement. Wellington se trouve maintenant à une trentaine de kilomètres.
Voici la première vue de Wellington à partir d’une piste cyclable. Malgré les nuages, il n’a pas plu.
Crevaisons:2